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Le calvaire et le pardon de Loïc Sécher et Maitre Eric Dupond-Moretti

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Le calvaire et le pardon hdL'histoire : Novembre 2000. Le comportement d'une jeune fille de quatorze ans, Emilie, inquiète ses proches et ses professeurs. Emilie se scarifie et fugue régulièrement de chez elle. Interrogée, Emilie prétend avoir été victime de viol et donne une description de son agresseur qui ressemble fortement à son voisin, Loïc Sécher.

Loïc Sécher vit à la Chapelle Saint-Sauveur, petit village de Maine et Loir. « Ici pas de superflu : une église, une boulangerie et un bistrot. Les trois piliers de l'existence rurale ». Mais il ne fait pas bon vivre à la Chapelle Saint-Sauveur quand on s'appelle Loïc Sécher.

Ouvrier agricole au chômage, homosexuel, de nature dépressive, alcoolique avec une légère tendance à la violence, Loïc Sécher dérange dans le paysage si tranquille de la Chapelle Saint-Sauveur. Il est celui qui n'est pas « normal », celui qu'on pointe du doigt, celui qui a un « regard bizarre ».

Alors, quand Emilie le désigne comme l'auteur de ses viols, cela ne fait aucun doute pour les gendarmes et pour les magistrats : Loïc Sécher est le coupable idéal.

Décembre 2003. Loïc Sécher est condamné à seize ans de réclusion criminelle par la Cour d'Assises de Nantes. Sa peine est confirmée en appel et son pourvoi est rejeté en Cassation. Il faudra attendre le 31 mars 2008 pour qu'Emilie revienne sur ses aveux, avoue qu'elle ait menti et que son avocat de l'époque, Maître Eric Dupond-Moretti, obtienne une révision du procès et l'acquittement de son client.

Depuis le début de la procédure, Loïc Sécher a toujours clamé son innocence..

Loic-Secher.jpgCe que j'en pense : il est des lectures après lesquelles il est toujours difficile de s'exprimer, tant elles vous serrent le cœur ; le témoignage de Loïc Sécher en fait partie. Comment pourrais-je en effet porter un jugement sur un vécu aussi tragique ? Comment pourrais-je me faire le juge et le bourreau du calvaire d'un innocent ? Je n'en ai ni le droit, ni le devoir..

Le calvaire et le pardonest un livre écrit à quatre main par Loïc Sécher et Maître Eric Dupond-Moretti. Loïc Sécher y décrit le drame qu'il a vécu et Maitre Eric Dupond-Moretti y décortique chaque situation en sa qualité de professionnel. En somme, Loïc Sécher écrit avec ses tripes et Maitre Eric Dupond-Moretti écrit avec sa robe, mais tous deux racontent leur vécu.

Pour ma part, j'y ai vu plusieurs points de réflexions. Bien évidemment, le livre pointe du doigt les failles du système judiciaire et particulièrement le système carcéral.

Loïc Sécher est le septième condamné officiellement innocenté depuis 1945, entre Patrick Dills et Marc Machin. Il faut savoir que la justice ne reconnaît que troptrès rarement ses torts et ce livre souligne très bien les failles du système.

Cellule-prison.jpgLoïc Sécher décrit son (calvaire) quotidien en prison, d'abord à la maison d'arrêt de Nantes puis au centre de détention de Rennes. Je pense que les mots sont dérisoires pour pouvoir, nous lecteurs, comprendre et imaginer véritablement le quotidien d'un détenu, et plus particulièrement celui d'un « pointeur » (qui sont nommés ainsi car ils ont « pointé » leur victime). Promiscuité, manque d'hygiène, humiliations, violences, viols dans les douchesponctuent son quotidien. Un quotidien qu'il ne méritait pas, un quotidien qu'il a du affronter en serrant les dents, un quotidien dont la cause avait un son doux et amère à la fois : Emilie..

On l'apprendra bien plus tard, Emilie a bien été victime de viols dont on connaît aujourd'hui les auteurs. Mais au moment des faits, Emilie est une adolescente perturbée, enfermée dans son silence. Et quand elle dit à ses parents que l'auteur de ses viols serait un « vieil ami de la famille », ses parents feront immédiatement le lien avec Loïc Sécher, ce type un peu bizarre et qui n'inspire aucune confiance.. Ainsi, face à la pression de ses parents, et sans doute pour avoir la paix, Emilie confirme : oui, c'est bien Loïc Sécher qui m'a violée. Et à partir de là, la folle machine judiciaire est lancée..

La sacralisation de la parole de l'enfant-victime est remise en question avec l'affaire Sécher. Comment mettre en doute la parole d'une enfant ? Biensur, les preuves matérielles et scientifiques ne corroborent pas toujours avec les dires d'Emilie, biensur Emilie raconte une nouvelle version des faits à chaque fois qu'elle se présente devant le juge d'instruction, biensur il n'y a pas de test ADN.. Mais qu'importe, c'est une enfant ! Et une ado, c'est bien connu, ça ne ment jamais..

Et au mensonge, Loïc Sécher y a répondu par le pardon.. Là, je ne peux que souligner sa grandeur d'ame.

Si l'on veut pousser sa réflexion un petit peu loin, il me paraît que c'est l'entier système dans lequel nous vivons qu'il faut remettre en cause.

Cour-d-assises-de-Paris.jpgDès le départ, Loïc Sécher n'a pas été considéré comme un homme potentiellement innocent, ce qu'il est en réalité, mais comme un homme déjà coupable. Un homme « bizarre », qui dérange, que l'on doit lyncher sur la place publique. Et c'est ça que la foulele public veut. Il veut des bons, purs et innocents tels des enfants et des méchants très très méchants, comme on en voit la télé ou au cinéma. La foule veut du sang : elle veut en offrande le sacrifice du coupable sur l'autel de l'innocence de la victime.

La question qu'il faut se poser ici c'est : qu'est-ce qui a amené les protagonistes de cette histoire(gendarmerie, magistrats, jurées etc..) à offrir en sacrifice Loïc Sécher et le lyncher sur la place publique alors que le dossier présentait des failles gigantesques (pas de test ADN, pas de confrontation avec la victime etc..) ?

Plusieurs facteurs ont pu intervenir : le système de pensée judéo-chrétien, les médias, nos politiques etc.. Le système judiciaire français est avant tout composé de femmes et d'hommes : ce sont eux qui entendent les déclarations, eux qui mènent l'instruction (à charge ou à décharge), eux qui dirigent l'accusation et enfin, eux qui jugent.. A partir de là, les influencer par des facteurs extérieurs devient très facile.. et surtout très dangereux !!!

Hier c'était Loïc Sécher, mais demain ce sera qui ?

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Et pour finir, une petite citation :

« Le 15 juin 2001,

Mes parents,

Je n'ai pas oublié les dates de fêtes d'anniversaires.

Mais il y en a certaines dont je préférerais ne plus me souvenir comme le 27 novembre 2000, jour de mon arrestation, le 13 avril 2001, ma tentative de suicide ou encore le 6 mai 2001, mon passage à tabac.

J'ai reçu énormément de coups sur la tête et je suis resté deux jours au CHU attaché à mon lit avec des menottes. J'ai un traumatisme crânien et un hématome péri-orbitaire droit et occipital gauche, selon les médecins. J'ai été gardé pendant vingt-quatre heures sur vingt-quatre par deux agents de la sécurité. Sur mon lit d'hopital, je me suis même dit que j'aurais préféré qu'ils m'achèvent dans la cour de la prison..

Alain et Françoise se battent désespérément pour me faire sortir de là. Moi je n'ai plus qu'un espoir, c'est que la prochaine étape soit la dernière. Tout cela en étant innocent. J'imagine que si Dieu existe, je pourrai être déclaré saint.

Donc, Maman, tu ne peux rien faire et moi non plus.

Loïc »


Je vais passer pour un vieux con de Philippe Delerm

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je vais passer pour un vieux conL'histoire : dans Je vais passer pour un vieux con, Philippe Delerm passe en revue des expressions que nous utilisons ou entendons quotidiennement sans y prêter attention, car elles sont devenues « naturelles », « normales », « banales » .

« J'ai habité trois ans rue Commines !», « Sinon, moi je peux vous emmener », « J'ai fait cinq ans de piano », sont tout autant de petites phrases familières, mais qui en disent long sur nous, notre histoire, notre personnalité etc..

Phlippe Delerm se propose donc de décortiquer chacune de ses expressions avec finesse et humour afin d'en démontrer le sens caché.

Ce que j'en pense : c'est le premier bouquin de Philippe Delerm que le lis et dois avouer que je suis plutôt assez séduite. La démarche de l'auteur m'a paru tout à fait originale et j'ai bien ri à la lecture de certains chapitres en pensant aux expressions que j'utilisais également. 

Ce livre me rappelle un peu l'un des sketch de Bigard (dont j'ai oublié le nom), dans lequel lui aussi décortique avec humour les banalités de notre quotidien, que l'on dit sans réfléchir : « Oui, bonsoir, c'est pour dîner ? .. Non c'est pour faire un tennis connard ! »

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé les chapitres Vous n'avez aucun message, C'est vraiment par gourmandise et Comment il l'a cassé, à la lecture desquels j'ai bien ri.

L'écriture de Delerm est très facile à lire et le livre peut se lire en une heure. Les récits sont condensés mais en disent long. Une très belle leçon de littérature !

 

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Et pour finir, une petite citation : «Comment il l'a cassé ! Quelle expression nos ancêtres utilisaient-ils quand ils éprouvaient le réjouissement pervers de voir un acteur de la comédie humaine crucifié par un contradicteur ? […] Quand le Christ disait à Saint-Thomas : « Parce que tu as vu, Thomas, tu as cru. Heureux celui qui croit et ne voit pas », aucun des apôtres ne s'exclamait « Comment il l'a cassé », même si le sentiment éprouvé devait être assez proche ».

 

 


 

 


Lorsque j'étais une oeuvre d'art d'Eric-Emmanuel Schmitt

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lorsque j'étais une oeuvre d'artL'histoire : Tazio Firelli, cadet des célèbres frères Firelli, veut à tout prix mettre fin à ses jours. Insignifiant aux yeux des gens face à la beauté parfaite de ses frères, Tazio est persuadé d'être un bon à rien qui rate tout ce qu'il entreprend, même ses précédents suicides.

Sur la falaise de Palomba Sol, alors qu'il se tient sur le bord des rochers, prêt à sauter, un inconnu l'interrompt et lui demande d'attendre vingt-quatre heures avant de mettre ses plans à exécution.

Ce « bienfaiteur » est en réalité un artiste complètement loufoque nommé Zeus-Peter Lama, l'un des artistes les plus en vogue du moment. Il fait à Tazio une étrange proposition : il va lui proposer de le « recréer » et d'en faire une œuvre d'art vivante et unique au monde ; en échange, Tazio deviendra la propriété exclusive de son maître d'œuvre..

Ce que j'en pense : demeurant une grande fan devant l'Eternel des romans d'Eric-Emmanuel Schmitt, je me devais de compléter ma collection avec Lorsque j'étais une œuvre d'art, que je dois qualifier d'une grande originalité.

faust.jpegL'originalité réside tout d'abord dans l'histoire.Un homme au bord du suicide sauvé par un artiste complètement mégalo qui le transforme en une œuvre unique afin d'exposer au monde son génie créateur : je n'avais jamais rien lu de tel auparavant ! Sur ce point, je voudrais dire que je regrette le manque de précision quant à « l'oeuvre » créée par Zeus-Peter Lama car on a du mal à se figurer à quoi elle ressemble exactement.

L'histoire dans les grandes lignes m'a rappelé le conte de Faust, dans lequel un scientifique qui s'ennuie décide de vendre son âme au diable afin d'accéder à de nouvelles connaissances.

Dans Lorsque j'étais une œuvre d'art, Tazio ne vend pas son âme mais, comme on est dans un conte moderne, il offre son corps et plus grave encore, son identité à Zeus-Peter Lama. En effet, Zeus-Peter Lama s'arrangera pour faire croire à la propre mort de Tazio et ce, afin de le faire renaître sous la forme d'une œuvre d'art, sexuellement performante et rebaptisée Adambis.

Tout comme Faust cherchait la vie éternelle, Tazio recherche la reconnaissance dans les yeux des autres ainsi qu'une identité ; cette quête d'identité passe selon Tazio par les apparences et la beauté. Pour lui, exister au yeux des autres passe nécessairement par la beauté. Et Tazio va accéder à son rêve au mépris de sa liberté et de son identité..

La grande originalité de ce livre réside également dans le style : on croit tout d'abord lire un roman mais Lorsque j'étais une œuvre d'artest en réalité d'un conte philosophique avec une morale et qui aborde plusieurs questions de philosophie.

david-michel-ange.jpegLe thème le plus évident abordé par l'auteur est bien évidemment la valeur que l'on donne aux apparences. Dans Lorsque j'étais une œuvre d'art, Tazio leur donne une importance telle, qu'il est prêt à sacrifier son corps et sa liberté, uniquement pour briller en société. Et pourtant, Tazio va vite déchanter quand il réalisera à quel prix il aura vendu son identité et quand il réalisera qu'il aura beau avoir changé de corps, il conservera toujours son âme..

En réalité, Tazio était prisonnier de son apparence et de l'image qu'il renvoie aux yeux des autres, mais surtout de l'importance qu'il accorde à ses derniers. Finalement, grâce à cette expérience, il aura un peu recouvré sa liberté..

Comme dans chacun de ses livres, Eric-Emmanuel Schmitt réussit à mettre à la portée de tous la philosophie et nous amène à nous poser des questions ; c'est ce que me séduit le plus chez lui. Au premier abord, ce conte ne semble pas avoir de sens et pourtant, plus on y réfléchit, plus on se rend compte à quel point tout était savamment étudié et à quel point l'auteur a fait preuve de finesse et de justesse.. Chapeau l'artiste !

 

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Et pour finir, une petite citation: « J'étais un monstre. Pas un chef d'oeuvre. Au fond, ça valait mieux parce que je souhaitais depuis toujours attirer l'attention. Ma monstruosité, je l'avais voulue autant que Zeus. Même si je ne l'avais pas créée, je pouvais la revendiquer. Tandis que le statut de chef d'oeuvre, lui, m'aurait échappé. Ce qui comptait, c'était ma visibilité nouvelle. Beau, laid, apprécié, décrié, j'existais. Personne ne m'enlèverait cette densité là ».

Faust de Johann Wolfgang von Goethe

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FaustL'histoire : Faust est un scientifique qui s'ennuie car il pense tout savoir. Il rêve de percer les grands mystères de l'humanité, mais n'y parvient pas malgré ses immenses connaissances. Il est au bord du suicide lorsqu'il rencontre Méphistophélès, l'un des sept princes de l'enfer, qui lui fait une proposition : en échange de savoirs et de plaisirs inconnus, Faust doit lui céder son âme. Sans hésitation aucune, Faust accepte sa proposition et découvre un monde qui lui était jusqu'alors inconnu.

Puis, un jour, Faust fait la connaissance de la pure et chaste Marguerite dont il tombe immédiatement fou amoureux. Il va alors demander à Méphistophélès de l'aider à conquérir la jeune fille..

Ce que j'en pense : avant de vous faire part de mon (très) humble avis sur Faust, je tenais à vous faire savoir une chose : je n'ai absolument rien compris à ce livre !

Charles_Gounod_Faust.jpgQuel sentiment désagréable de tourner les pages d'un bouquin sans même en comprendre le contenu ! Je n'ai quasiment rien compris à l'histoire et il m'a fallu relire de nombreux passages plusieurs fois ! Par conséquent, je fus complètement hermétique à la poésie et au lyrisme de l'oeuvre de Goethe..

L'écriture de ce dernier m'a d'ailleurs totalement perdu et il m'a fallu une concentration olympienne pour arriver au bout de ce véritable labyrinthe. Est-ce parce que je ne suis pas habituée à ce style ? Est-ce du à la traduction ? Je ne saurais le dire..

Faust est le type de livre à lire en deux temps : un premier temps sans rien comprendre, puis un second temps après avoir lu des analyses et commentaires sur l'oeuvre.

Malgré tout, et une fois l'histoire comprise, Faust est une très belle lecture. Je l'ai d'ailleurs choisie car le livre d'Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j'étais une œuvre d'art, m'a fait pensé à ce mythe. Les deux personnages principaux, Tazio et Faust, sont deux êtres en perdition et en quête de sens qui vont rencontrer le diable, qui va d'abord se faire passer pour un bienfaiteur. Tous deux vont accepter la proposition que va leur faire ce « bienfaiteur » et vont en réalité céder leur âme.

La fin des deux livres diffère : si Tazio est sauvé et trouve la rédemption, l'âme de Faust, en revanche, est damnée. Là se trouve toute la morale de l'histoire : comme Faust, nous ne devons pas nous enorgueillir et penser pouvoir tout savoir à tout prix car Dieu seul est omniscient. Le progrès scientifique poussé à l'extrême ne peut mener qu'à notre perdition. Nous devons donc vivre en paix avec nous, nos connaissances sur le monde et Dieu.

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Le nom « faustianisme » est d'ailleurs rentré dans le vocabulaire courant : « Inspiré par la figure du Docteur Faust, le faustianisme se caractérise par la volonté de dominer la nature, afin d'utiliser ses ressources dans l'intérêt de l'Homme. Pour parvenir à cet objectif, l'Homme utilise la science (comprendre et expliquer) et la technique (maîtriser). C'est cette mentalité, incarnée par exemple par le savant et ingénieur Léonard de Vinci, qui a entre autres permis l'élaboration de la société occidentale contemporaine telle que nous la connaissons aujourd'hui : marquée par la place importante qu'elle accorde à la science et à la technique pour subvenir à ses besoins » (Source : Wikipédia)

 

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Et pour finir, une petite citation :

« Hommes toujours trompés, misérables destins,

Toujours depuis Adam les éternels crétins !

On vieillit, mais qui devient sage ?

Fou, tu l'étais déjà. Que veux-tu davantage ? »

 

 

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé

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la grace des brigandsL'histoire : Maria Christina Vaatonen est écrivain et vit à Santa Monica (Los Angeles). Son premier roman, La Vilaine sœur, l'a directement propulsé en tête des ventes et a fait d'elle l'un des écrivains les plus en vogue.

Maria Christina est une jeune femme plutôt solitaire, qui ne vit que pour être libre et détachée des hommes. Elle a grandi dans la petite ville de Lapérouse (Canada) avec une mère bigote et psychopathe, un père dépressif et transparent et une sœur jalouse. Elle ne s'en est échappée que grâce à sa passion pour la lecture et l'écriture.

Le 12 juin 1989 à 12h40, elle reçoit un coup de téléphone de sa mère, à qui elle n'a pas parlé depuis dix ans, et qui lui demande de rentrer de toute urgence à cause de son neveu, Peleete.

Ce coup de téléphone provoque une sorte d'électrochoc chez Maria Christina qui va replonger dans les tourbillons de son enfance, dans lesquels le lecteur va se perdre avec elle..


Ce que j'en pense : Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à trouver mes mots pour rédiger ce billet car un sentiment assez paradoxal m'a animé tout au long de la lecture de La grâce des brigands.

C'est ma première rencontre avec Véronique Ovaldé, qui a véritablement une plume magnifique. Les figures de style sont très poétiques, il y a quelques notes notes d'humour, une pointe de lyrisme et une touche de noirceur : bref, son style est vraiment très agréable à lire. L'écriture de Véronique Ovaldé me rappelle un peu celle de Carole Martinez dans Le coeur cousu.

Pourtant, malgré cette indéniable qualité, je me suis sentie totalement détachée des personnages et de l'histoire, que j'ai trouvé un peu plate et manquant de profondeur.

femme-de-dos.jpgLa vie de Maria Christina nous est contée dans le désordre, ce qui est une technique souvent adoptée par les auteurs. C'est donc au fur et à mesure du roman que le lecteur peut assembler les pièces du puzzle qui composent sa vie. Peut être que cette absence de chronologie m'a empêché de comprendre le thème principal du roman et surtout, le sujet sur lequel l'auteur voulait nous faire réfléchir.

Après avoir appris le grand drame ayant bouleversé l'enfance de Maria Christina et le sujet de son premier roman, j'ai tout d'abord pensé que La grâce des brigands traiterait de la thérapie à travers l'écriture ou du pouvoir de l'écriture. Eh bien..je me suis trompée. Le thème de l'écriture est évoqué au début du livre pour ne plus revenir ensuite. En revanche, le lecteur assiste à l'emancipation de Maria Christina aux prises avec ses drames passés et à sa construction en tant que femme forte et indépendante.

Je me suis donc un peu perdue avec ce roman qui aborde beaucoup trop de thèmes à la fois et pas assez en profondeur. D'ailleurs, la fin plus que brutale du roman ne m'a pas du tout plu et je trouve qu'elle n'a rien apporté à l'histoire.

On referme La grâce des brigands sans plaisir, ni regrets : même si l'écriture est très belle, il ne bouleverse pas l'ordre du monde. Et c'est bien dommage..

 

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Et pour finir, une petite citation : « Il dit que le but de toutes ces histoires c'est de satisfaire le désir ardent de celui qui les lit. Pour ce faire il te faut obéir aux lois idéales de la rêverie, aux coïncidences et à l'appétit de correspondance mystérieuse. L'appétit de correspondance mystérieuse. Stevenson disait les choses bien mieux que moi mais je suis sûr que tu comprends de quoi il retourne, ma truite ».

 

 


SOS kiffance littéraire en détresse

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Hier soir, alors que j'étais « plongée » dans mon bouquin du moment (pour info, Le grand Meaulnes) et sur le point de m'endormir, la bouche entrouverte avec un filet de bave s'en échappant délicatement, je me suis fait la réflexion suivante..

Depuis quand est-ce que je n'ai pas vibré pour un bouquin ? Réponse : euh... mais oui, c'est vrai ça ??! Depuis combien de temps n'ai-je pas été emballé, senti des palpitations, tourné frénétiquement des pages, dévoré avec passion.. Bref, comme disent les jeunes : depuis quand n'ai-je pas kiffé un vrai livre ? (Quoi, comment ça, les jeunes ne parlent pas comme ça?)

En remontant dans les archives de mon blog, je remarquai que les derniers romans qui m'ont procuré un réel plaisir datent.. du mois de septembre (Les Apparences) et du mois d'août (Nina Simone, roman).

Cela fait donc près de deux mois que je ne me suis plus pris de passion pour un livre ! Et deux mois, pour la bouquinator que je suis, c'est lonnnnng !!! Si je continue comme ça, je vais finir par perdre ma passion !

Aussi, chers amis lecteurs, afin de sauvegarder ma santé mentale, je fais appel à vot' bon cœur vos bons conseils : quels livres me conseilleriez-vous pour me faire grimper au plafond ?

Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll

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Alice au pays des merveillesL’histoire : Alice est une petite fille espiègle vivant dans l’Angleterre du XIXème siècle. Un jour, alors qu’elle s’ennuyait sur la berge d’un fleuve, elle croit voir passer un lapin blanc avec une montre à gousset et décide de le suivre. Jusque-là, tout va bien..

Ce lapin pénètre dans un terrier qui va la conduire, après quelques péripéties, tout droit vers le pays des merveilles. Là, elle fera la connaissance d’étranges créatures : un chapelier fou, un lièvre de mars, une chenille fumeuse de narguilé.. Mais le plus étrange des habitants du pays des merveilles reste encore son souverain, la reine de cœur..  

Ce que j’en pense : pour la petite anecdote, Alice aux pays des merveilles est une histoire créée par  le britannique Charles Lutwidge Dodgson qui voulait amuser trois petites filles (dont l'une s’appelait Alice Lidell) lors d’une promenade. Il l’a publiée plus tard sous le pseudonyme de Lewis Carroll.

Lorsque j’ai effectué mes recherches pour la rédaction de ce billet, j’ai trouvé plusieurs sites internet racontant les relations plus qu’ambiguës entre Lewis Caroll et la petite Alice : pour en voir un, c’est ici. En ce qui concerne cet aspect sombre de l’histoire, je laisse chacun juge et maitre de ses pensées mais je tenais quand même à signaler ce fait.

Comme beaucoup, je n’avais jamais lu l’œuvre originale et m’étais contentée du film de Disney. Grâce au film, nous étions transportés dans un monde magique où les fleurs chantent, les chats sourient et les chenilles fument le narguilé.. Je me rappelle qu’étant petite, j’en prenais plein les yeux et plein l’imagination. C’était comme se retrouver dans un rêve..

Malheureusement, je ne suis pas parvenue à retrouver cette sensation grâce au bouquin..

alice-au-pays-des-merveilles-I.jpegTout d’abord, j’ai trouvé l’histoire plutôt fouillis et l’enchainement des rencontres trop rapide. L’abondance des personnages m’a un peu gênée dans la compréhension du texte. Plus Alice fait de nouvelles rencontres, moins on comprend où l’auteur veut en venir. Il s’agit vraisemblablement d’un parcours initiatique pour la petite Alice mais je n’en ai compris ni l’objet, ni la morale (ce qui est assez embêtant pour un conte).

Ainsi, nous parcourons le pays des merveilles avec Alice pour guide et assistons à la transformation d’Alice passant du stade d’enfant à celui de jeune fille.

Je ne me suis donc pas sentie au pays des rêves ou des merveilles mais plutôt au pays.. du brouillard (normal me direz-vous, l’histoire se déroule en Angleterre !)

Ensuite, je n’ai pas beaucoup aimé le personnage d’Alice qui a un petit côté « enfant gâtée » et capricieuse (une vraie tête à claques) et qui, mais cela reste entre nous, n’a pas vraiment inventé l’eau chaude.

Le style anglais du XIXème ne m’a pas gênée outre mesure et je regrette même de ne pas l’avoir lu dans sa langue originale. En effet, le texte original est truffé de petits jeux de mots  et de notes d’humour de l’auteur : heureusement que les éditions du livre de poche ont inséré des notes de bas de page pour les signaler et les expliquer !

Au final, Alice au pays des merveilles reste tout de même un joli conte mais la magie n’a pas opéré cette fois-ci en ce qui me concerne. Peut-être ai-je grandi après tout..

 

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Et pour finir, une petite citation : « N'imaginez jamais ne pas être autrement que ce qu'il pourrait sembler aux autres que ce que vous étiez ou auriez pu être n'était autrement que ce qu'aurait pu autrement leur sembler être ce que vous étiez »

 

 Voici l'une des scènes que je préfère du film

 

 

 


 

 

 


La saga des Médicis : Contessina (tome 1) de Sarah Frydman

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la saga des MedicisL’histoire : Sarah Frydman retrace une partie de l’histoire, que dis-je, de la saga familiale des Médicis. Son récit débute à Florence en 1414. Le mariage de Contessina Bardi et Cosimo de Médicis est sur le point d’être célébré, et il est le fruit d’un arrangement entre les deux familles afin de voir prospérer les intérêts de chacun.

Contessina découvre pour la première fois son époux lors de la cérémonie. Bien qu’elle fût déçue de prime abord par l’aspect physique de ce dernier, elle va finalement apprendre à découvrir et à aimer Cosimo pour qui elle demeurera une compagne fidèle et dévouée.

Après son mariage, Cosimo fera tout pour offrir à Florence ses plus beaux monuments, il en fera la capitale des arts mais également un important centre d’affaires. Il défendra avec ardeur et habileté les intérêts de sa famille en développant les affaires familiales à l’échelle européenne et en fera l’une des plus influentes de Florence.

Mais surtout, Cosimo n’est pas issu de la noblesse italienne et fait partie du peuple. Il consacrera d’ailleurs une partie de sa vie à lutter contre l’ignorance du peuple, persuadé que son émancipation se fera par son éducation. Et cette éducation commence par l’apprentissage de la lecture. Ainsi, en étant notamment capable de lire la Bible, le peuple se rendrait compte combien les hommes d’Eglise se roulent dans la fange et dans des privilèges auxquels ils n’ont pas droit.

Tant de bienveillance ne va bien évidemment pas sans attirer les foudres des grandes familles de Florence.

Cosimo.jpgCe que j’en pense : je trouve le concept de l’histoire romancée assez plaisant, notamment après avoir lu La passion Lippi, car il permet de s’instruire tout en se détendant. Ayant vécu quelques mois à Florence et étant passionnée de Renaissance italienne, je ne pouvais que me tourner vers une lecture sur les Médicis.

Cette version romancée de l’histoire m’a bien plu et m’a fait passer un agréable moment. L’histoire est transformée en une sorte de roman d’amour sur fond d’alliances et de trahisons entre les grandes familles florentines.

Je ne saurai affirmer si les faits relatés sont exacts et si les personnages ont éprouvé les mêmes sentiments que ceux décrits par le livre mais la version de Sarah Frydman reste tout de même une version possible de l’histoire. Pour le reste, chacun reste libre d’effectuer ses propres recherches et de réinterpréter l’histoire comme il souhaite.

Le roman est bien écrit, malgré quelques longueurs, et me semble-t-il, est bien documenté. Je me suis attachée aux personnages et j’ai très envie de savoir ce qui va se passer dans le deuxième tome de cette saga familiale.

A conseiller à celles et ceux qui désirent apprendre l’histoire tout en se détendant.


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Et pour finir, une petite citation : « L’ignorance est la pire des misères »


Bilan de lectures pour l'année 2013

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Les périodes de fin d’année sont souvent synonymes de bilans. Aussi, je vous propose un bilan d’une année de lecture de la bloggeuse passionnée que je suis, ainsi que mon top 5 de l’année.

Sur les 35 livres lus en 2013, s’il ne devait en rester qu’un que cinq :


1.         Celui qui m’a fait pleurer : Nos étoiles contraires de John Green

nos étoiles contraires


2. Celui qui m’a starifié : Nina Simone, roman de Gilles Leroy

      nina-simone

 

3.         Celui qui m’a sociabilisé : L’élégance du hérisson de Murielle Barbery

l'élégance du hérisson


4. Celui qui m’a éduqué : Le monde de Sophie de Jostein Gaarder

      le-monde-de-sophie

 

 

5.        Celui qui m’a consommé : La liste de mes envies, de Grégoire Delacourt

      La liste de mes envies

 

 

Je n’ai qu’une seule résolution pour l’année prochaine : lire encore et toujours plus !

 

Je vous présente tous mes meilleurs vœux et vous souhaite de très belles lectures pour cette année 2014 !

 

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Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier

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le grand meaulnesL’histoire : Sologne, fin du XIXème siècle. Augustin Meaulnes est un nouvel élève au pensionnat de Monsieur et Madame Seurel. Dès son arrivée, il va de suite s’imposer comme un chef de bande, le coq au milieu de la basse-cour, respecté et craint par tous. Son plus grand fan soutien sera le narrateur, François Seurel, fils de l’instituteur.

Augustin Meaulnes réussit à s’échapper du pensionnat pendant quelques jours. Il raconte sa folle épopée à François : Augustin s’est retrouvé par le plus grand des hasards à une fête donnée pour le mariage d’un dénommé Frantz de Galais. Il y rencontre la belle Yvonne de Galais, dont il va tomber éperdument amoureux, mais dont il va perdre la trace après la soirée.

De retour au pensionnat, Augustin aura pour seule obsession de la retrouver..

Ce que j’en pense : Mais pourquoi oblige-t-on les enfants à lire ce genre de livre ?!? Et après cela, on s’étonne qu’ils n’aiment pas la lecture !!!

J’ai voulu lire le Grand Meaulnes car il fait partie des classiques de la littérature française. Malheureusement pour moi, je n’en ai lu que très peu et j’essaye aujourd’hui de combler ce manque. Et sur ce coup, je dois avouer que je n’ai pas été très inspirée en choisissant le Grand Meaulnes..

Tout d’abord, j’ai eu un sentiment de profond ennui tout au long de ma lecture. J’ai trouvé l’écriture vraiment très pesante car le récit est quasi exclusivement descriptif. Il n’y a que très peu de place laissée aux dialogues et à l’intrigue elle-même. De plus, ne connaissant pas la Sologne, j’étais parfaitement insensible aux interminaaaaaables descriptions des paysages de la région.

 

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Ensuite, je ne suis absolument pas rentrée dans l’univers du roman qui oscille entre l’univers du rêve et de la réalité. J’ai trouvé l’histoire beaucoup trop rocambolesque pour être crédible et les personnages pas du tout attachants. J’ai d’ailleurs voulu plusieurs fois attraper le narrateur et le secouer violemment en le suppliant d’être moins passif et de se rebeller contre cet Augustin, qui fout un peu de lui quand même, bon sang de bonsoir !!!

En définitive, même si je n’ai pas accroché à ce roman, je ne resterai pas sur un échec et continuerai bien évidemment à lire les classiques. Parole de bouquinator !

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Et pour finir, une petite citation : « Après cette fête où tout était charmant, mais fiévreux et fou, où lui-même avait si follement poursuivi le grand pierrot, Meaulnes se trouvait là plongé dans le bonheur le plus calme du monde.

 

 Sans bruit, tandis que la jeune fille continuait à jouer, il retourna s'asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant un des gros livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à lire.

Presque aussitôt un des petits qui étaient par terre s'approcha, se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour regarder en même temps que lui ; un autre en fit autant de l'autre côté. Alors ce fut un rêve comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu'il était dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de lui, c'était sa femme... »

 

 

 

 

Les amants du Spoutnik de Haruki Murakami

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les-amants-du-spout.jpgL’histoire : K., étudiant à l’université de Tokyo, est secrètement amoureux de Sumire qui elle-même aime en secret Miu, une femme mariée et de dix-sept ans son ainée. Sumire a quitté l’université pour se consacrer à l’écriture, sa passion. Elle passe ses journées à rédiger des textes superbement écrits, mais qui n’ont aucune cohérence entre eux.

Miu va embaucher la jeune femme en tant qu’assistante et va l’emmener en voyage d’affaires en Europe. Lors d’une soirée en Grèce, Sumire va avouer ses sentiments à Miu qui va se refuser à elle. C’est alors que Sumire disparait mystérieusement..

 

Ce que j’en pense : Je suis tombée sur ce livre un peu par hasard dans la bibliothèque de mon frère, et comme je ne connaissais que très peu les auteurs japonais, je me suis dit que c’était l’occasion.

J’ai découvert une écriture véritablement poétique et soignée et ce fut un vrai bonheur de lire Murakami ! Il a su transporter le lecteur dans un autre monde, qui se situe entre le rêve et le fantastique (la frontière est extrêmement ténue pour ce roman), et j’ai vraiment adoré son univers.

Le titre choisi par l’auteur n’est pas un hasard. Spoutnik est une famille de satellites lancés par l’union soviétique dans les années 1950 ; Spoutnik 2 avait d’ailleurs pour passager une chienne qui ne survécut pas au voyage dans l’espace. Tout comme Spoutnik a gravité en orbite autour de la Terre, les personnages du roman gravitent en orbite autour de leur solitude.

etreinte.jpgEn effet, Les amants du Spoutnik représentent en réalité ces amants qui se tournent autour tels des satellites, se croisent parfois, mais n’interagissent jamais ensemble. Chacun des protagonistes est immensément seul dans la vie et affronte seul également son destin. C’est un peu comme dans la vraie vie : nous tournons tous autour les uns autour des autres, nous nous croisons parfois, mais nous demeurons tous seuls au fond.

Presque sur le ton de la confidence, Murakami évoque à travers ce roman la solitude des êtres mais également l’amour impossible entre les trois personnages.

Ainsi, notre triangle amoureux est composé de deux femmes et d’un homme. Sumire est le personnage central de ce roman, même si elle n’en est pas la narratrice. C’est une jeune femme fantasque et complètement décalée par rapport à la société qui n’a que deux passions dans la vie : Miu et la littérature. Miu est une femme plutôt mystérieuse qui porte en elle un lourd secret qu’elle révèlera à K. Ce dernier, quant à lui, représente la rationalité masculine. C’est d’ailleurs pour son côté pragmatique et terre à terre que Sumire a besoin de lui.

Attention : ce livre n’est pas à conseiller aux adeptes des romans d’action ou à ceux qui aiment les grands rebondissements. En effet, il faut quand même avouer que les personnages se regardent quand même pas mal le nombril pendant tout le livre !

Pour ma part, c’est comme si la lecture de ce livre m’avait plongé dans un rêve, je me suis sentie dans un autre monde, de nuit et comme enveloppée dans une légère brume.. Bon, allez, promis j’arrête de fumer et je retourne bouquiner.. A plus les amis !

 

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Et pour finir, une petite citation : « Je fermai les yeux, tendis l’oreille, et songeai aux descendants de Spoutnik, qui continuent à tourner dans le ciel, reliés à la Terre par la seule force de la gravité. Blocs de métal solitaires, ils se croisent, dans les ténèbres sidérales ou rien n’arrête leur course, puis s’éloignent pour toujours les uns des autres. Sans mots à échanger. Sans promesses à tenir ».

Avant d'aller dormir chez vous d'Antoine de Maximy

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avant-d-aller-dormir-chez-vous_instagram.jpgL’histoire : l’animateur et réalisateur Antoine de Maximy revient sur son histoire personnelle et sa carrière afin de nous raconter sa vie de globe-trotter mais surtout.. de globe-squatter ! En effet, le grand public l’a découvert à travers l’émission « J’irai dormir chez vous », qu’il a transformé plus tard en long métrage, « J’irai dormir à Hollywood ».

En lisant son autobiographie, nous apprenons qu’Antoine de Maximy a été reporter de guerre, a plongé en sous-marin au fond du Pacifique, dormi à la cime des arbres en Amazonie ou dans les fumées d’un volcan en Afrique, exploré la calotte glaciaire du Groenland, les tépuis du Vénézuela ou les coulisses du métro parisien, filmé les bipèdes que nous sommes mais aussi nos cousins les singes.. Bref, qu’Antoine de Maximy a eu une vie trépidante !

Dans son livre, il révèle les secrets et anecdotes de tournage de son émission « J’irai dormir chez vous » et de son film « J’irai dormir à Hollywood » : les évènements qui l’ont amené à créer ce concept unique, ses plus belles rencontres, ses moments de grosse frayeur ou encore ses crises de fou rire.

C’est donc en toute simplicité qu’Antoine de Maximy nous livre les secrets de sa vie d’aventurier, en permanence guidée vers la découverte de l’autre, mais peut être finalement et plus simplement à la recherche de soi..

Ce que j’en pense : « Quand rien n’est prévu, tout est possible ! », telle est la devise d’Antoine de Maximy. Vous savez, ce drôle de personnage en chemise rouge qui s’invite à dormir chez vous..

antoine de maximyJ’ai toujours été une grande fan de « J’irai dormir chez vous » (ou JDCV pour les intimes) car l’émission ne cherche pas le scandale ou le drame pour faire de l’audimat. Elle nous présente des gens comme vous et moi, tels qu’ils sont dans leur quotidien : ces gens-là ne trichent pas et me donnent encore foi en l’humanité quand je vois qu’ils sont prêts à accueillir un inconnu chez eux. Pour ma part, si un drôle de bonhomme en chemise rouge me demandait de dormir chez moi, il se ferait envoyer paître sur le champ..

Ainsi, JDCV nous fait découvrir ce qui se passe chez les autres (n’y aurait-il pas un peu de voyeurisme là-dedans ?) : les us et coutumes, la gastronomie, les conditions de vie etc.. tout en restant confortablement vautré dans son canapé.

Bien évidemment, les voyages se vivent.. en voyageant, mais mon maigre budget ne me permet malheureusement pas de partir où je veux quand bon me semble.. Du coup, je les vis par procuration avec Antoine de Maximy !

Antoine de Maximy doit être le dernier descendant sur Terre du Bisounours car il est éternellement optimiste et voit toujours le verre à moitié plein. D’ailleurs, regarder un épisode de « J’irai dormir chez vous » vous redonne une bonne dose de pêche et l’envie vous aussi de tenter l’aventure de l’autre côté du palier en allant faire connaissance avec votre voisin.

Toutefois, ce côté un peu trop lisse et conventionnel m’a quelques fois dérangé car Antoine de Maximy ne présente que le côté positif des choses et cache le côté « obscur » de la force, qui est partie intégrante de la vie lui aussi. Ainsi, il révèle dans son livre qu’il n’hésite pas à couper certaines scènes qui présentent un aspect plus sombre de ses voyages ou de ses rencontres.

Mais Antoine de Maximy c’est aussi une sacrée tête de mule ! Et cet entêté va nous raconter comment il s’est battu pour vendre son concept JDCV face à des chaines de télé et des producteurs peu enthousiastes.

antoine-de-maximy-II.jpgAntoine de Maximy a eu la chance d’avoir eu au moins mille vies en une car il a eu un parcours rocambolesque : sachez qu’il a visité pas moins de 80 pays et plusieurs fois pour certains ! Mais pour mener une telle vie, il y a un prix à payer. Ainsi, il n’évoque sa vie privée catastrophique que par petites touches discrètes et pudiques. Il n’est que très peu présent pour sa femme et sa fille et l’on sent nettement que, même s’il regrette cette absence, il dépend du voyage comme l’on dépend d’une drogue, et ce sont les multiples rencontres qu’il fait qui donnent un sens à sa vie.

C'est peut être d'ailleurs cela qu'il recherche à travers ses voyages : un sens à sa vie..

L’autobiographie d’Antoine de Maximy n’est pas de la grande littérature (on sent clairement qu’Antoine n’est pas écrivain) mais elle vous permettra de passer un agréable moment, de sourire.. parfois et de vous émerveiller.. toujours. « Courir le monde de toutes les façons possibles, ce n'est pas seulement la découverte des autres, mais c'est d'abord l'exploration de soi-même, l'excitation de se voir agir et réagir. C'est le signe que l'homme moderne a pris conscience du gâchis qu'il y aurait à rendre passive une vie déjà bien courte ». (Xavier Maniguet)

 

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Et pour finir, une petite citation : « Tout cela m’a permis de comprendre que lorsqu’on veut quelque chose, il ne faut pas hésiter à le demander. Qu’est-ce qu’on risque ? Un refus mais c’est tout. J’ai découvert qu’il ne faut pas craindre les refus. Et quand, bien des années plus tard, je demanderai aux gens à aller dormir chez eux, ça ne sera pas plus compliqué. »

 

 


Le grand Cœur de Jean-Christophe Rufin

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le grand coeurL’histoire : XVème siècle, sur une île grecque. Un homme se cache, persuadé qu’il est traqué et qu’on cherche à le tuer.  Sachant qu’il n’échappera pas à ses poursuivants, il éprouve le besoin de coucher sur le papier le récit de sa vie. Et quelle vie ! Fils d’un simple pelletier, il est devenu l’un des hommes les plus riches et les plus influents de France.

Il a connu à la fois l’humiliation, la chute, la fortune, la gloire, puis la prison, la fuite et le dépouillement. Il a aussi bien fréquenté les personnes de conditions modestes, que les bourgeois, le Pape ou encore le Roi Charles VII en personne. Il a parcouru la France entière et développé les relations de la France avec l’Orient. Il fut marqué par trois grandes histoires d’amour dont la plus bouleversante fut avec Agnès Sorel, la maitresse favorite du roi.

Cet homme au destin extraordinaire, c’est Jacques Cœur.

Ce que j’en pense : Tout d’abord, je souhaitais vivement remercier les éditions Folio pour m’avoir fait découvrir Jean-Christophe Rufin que je n’avais encore jamais lu jusqu’à présent, mais dont j’avais entendu énormément de bien.

Je ne connais que très peu le Moyen Age et je n’ai que très peu de souvenirs de mes cours d’histoire sur le sujet (et pourtant, hier encore, j’avais vingt ans..). Toutefois, le personnage de Jacques Cœur a tout de suite éveillé ma curiosité car il semblait avoir vécu une existence plus qu’extraordinaire. De plus, j’ai toujours été fasciné par ces personnages de l’histoire ayant accompli de grandes choses tout en étant partis de rien.

Je me suis donc plongée avec curiosité et avidité dans les mille et une vies de Jacques Cœur..

Jacques-coeur.jpgJ’ai tout de suite aimé ce personnage issu d’un milieu très simple mais doté de grandes capacités intellectuelles.. et relationnelles ! En effet, l’enfant (de) Cœur se révèlera très vite être un excellent chef de bande et un fin négociateur.. qualités qui lui seront bien utiles dans son parcours de vie ! On peut prêter de nombreuses autres qualités à ce personnage : le courage, l’ambition, la ténacité et un petit côté astucieux qui m’a assez séduit.

Et d’ailleurs, Jacques Cœur est aussi un homme à femmes (un bourreau des cœurs ?) et les trois femmes de sa vie tiendront une grande place dans la sienne. La relation qu’il vivra avec Agnès Sorel marquera à jamais son existence et à ce titre, je dois avouer que Jean-Christophe Rufin a réussi avec brio à décrire et transmettre au lecteur l’intensité et la tendresse de leur relation.

Le style de Rufin est tout simplement une leçon d’écriture ! Son livre est admirablement bien écrit et se lit vraiment très facilement, même pour les lecteurs qui, comme moi, n’ont que peu de connaissances de l’époque du Moyen Age.

Agnes-Sorel.jpgAinsi, nous sommes véritablement plongés dans le tourbillon de la vie de Jacques Cœur pour ne s’en détacher que très difficilement. On sent que l’écriture de ce roman a dû demander beaucoup de travail de recherches à son auteur car je ne suis pas sûre que la documentation sur Jacques Cœur soit foisonnante. Il m’apparait donc évident que Rufin ait été contrait de combler les « trous » historiques avec son imagination.

Toutefois, petit bémol : Rufin se perd parfois dans des détails qui perdent également le lecteur en cours de route et qui rendent le récit un peu « pesant ». Certains passages auraient pu être raccourcis et parfois, le dialogue aurait pu être privilégié aux longues descriptions pour donner un côté plus vivant à l’histoire. N’oublions pas tout de même que ce livre compte un peu moins de 600 pages en format poche !

Enfin, chers amis lecteurs, en lisant Le grand Cœur, ne vous attendez pas à lire une biographie de Jacques Cœur mais plutôt un roman historique car Rufin a réussi là où d’autres ont échoué avant lui : il a romancé l’histoire.. et l’a rendue crédible !

Tellement crédible que j’ai parfois eu l’impression de lire non pas un simple roman mais de véritables confessions : comme si Jean-Christophe Ruffin était devenu Jacques Cœur..

 

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Et pour finir, une petite citation : « Il est âge où l'on peut forcer sa nature avec sincérité et se convaincre, jour après jour, que l'on suit un chemin nécessaire alors qu'il vous éloigne de votre volonté profonde et que l'on s'égare. L'essentiel est de garder assez d'énergie pour changer lorsque l'écart devient souffrance et que l'on comprend son erreur ».

 

 


 

Osez... les conseils d'un gay pour faire l'amour à un homme d'Erik Rémès

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OsezL’histoire : « Ce petit guide du sexe explique de manière simple, libre et décomplexée les mille et une façons de faire l’amour à un homme ». En effet, il s’agit un manuel plutôt ludique à l’attention des femmes hétérosexuelles qui désirent connaître plus amplement l’anatomie et la sexualité des hommes. Et qui connait mieux la sexualité masculine.. qu’un homme lui-même !

Ainsi, Erik Rémès passe en revue les différentes zones érogènes (même les plus inattendues) de nos partenaires et nous explique comment les stimuler. Il aborde également différentes pratiques ou autres jeux pimentant les relations sexuelles avec nos amants hommes.

Alors, les secrets d’un homme pour comprendre les hommes, c’est quoi ?

Ce que j’en pense : Tout d’abord, je souhaitais vivement remercier Virginie de la boutique Welcome Love grâce à qui j’ai osé.. aborder la sexualité masculine à travers les yeux d’un homme.

Ce concept tout à fait original a d’emblée titillé ma curiosité dès que j’ai vu ce bouquin ! Aussi, je me suis empressée de dévorer ce manuel avec impatience et curiosité.

Bon.. Je me suis tout d’abord demandée si Erik Rémès n’avait pas un peu fumé la moquette quand même.. Sa théorie consiste à dire que nous autres hétérosexuelles, avons une sexualité beaucoup trop étriquée et moins épanouissante que les homosexuels, qui, eux, ont une sexualité beaucoup plus débridée et désinhibée. L’auteur ajoute que la fidélité et la monogamie ne seraient pas la tasse de thé des homos qui préfèreraient collectionner les partenaires. Quoi, comment ça, vous avez dit cliché ?

Du coup, pour la crédibilité, on repassera..

Aussi, afin de nous libérer des carcans imposés par la société, Erik Rémès nous livre un mode d’emploi façon kit Ikéa pour réussir à faire grimper au plafond notre Jules, cet hétéro un peu coincé. Et là, il y a vraiment de quoi faire et il y en a pour tous les goûts !

Malgré ma petite appréhension du début, j’ai beaucoup aimé la plume d’Erik Rémès qui, en plus d’être pédagogue, ponctue son récit par quelques traits d’humour, ce qui rend la lecture d’autant plus agréable. Même si son guide s’adresse à mon sens à des débutantes, certaines idées sont intéressantes et donnent envie d’être mises en pratique.

Attachez-le […], jouez à la vamp, laissez-vous aller. Faites le strip-tease du siècle. […] Portez des dessous sexy. Mettez une musique d’ambiance. Buvez quelques coupes de champagne. Commencez par toucher votre corps avec vos mains. Au début, jouez les pudiques puis lâchez-vous. Retirez vos dessous progressivement. Approchez-vous de votre partenaire en le regardant droit dans les yeux. Avec les femmes, il est presque toujours préférable d’y aller en douceur. Chez les hommes, au contraire, on préfèrera souvent la fermeté.

Il y a tout de même une difficulté majeure dans les cas pratiques proposés. En effet, Erik Rémès suggère dans plusieurs passages que nous mettions en confiance notre homme afin de pouvoir faire joujou avec sa prostate. Et c’est là que ça coince (sans mauvais jeu de mots..) car je ne connais que très peu d’hommes hétérosexuels ouverts sur le sujet. Et là, franchement, cher Erik, je ne vois pas du tout comment présenter la chose ! Alors, si vous me lisez...

Enfin, j’ai relevé un point négatif non négligeable et qui mériterait un aller express dans la chambre de la douleur façon Christian Grey : les fautes d’orthographe ! Et ça, c’est tout simplement impardonnable !!! Maintenant tournez-vous, mon cher Erik, car vous allez avoir la fessée !!! Oups, on dirait que je m’égare là...

 

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Et pour finir, une petite citation : « A l’heure où seul compte le pouvoir (financier, moral, hiérarchique etc..) que l’on peut prendre sur les autres, le sexe et l’amour libèrent. Quand notre corps est en émoi, les barrières de la conscience et de la raison sont dépassées. L’amour rend fou. Et tant mieux. Il permet de dépasser sa timidité et la peur que nous a inculquée la société. Cet amour qui guide notre vie, ce désir incarné, ce sentiment toujours atteint et éclipsé, fruit de nos entrailles, moteur impitoyable de notre chair, de notre être et de la vie. Les corps se suivent et se ressemblent, s’enchâssent, s’assemblent, s’emboîtent et s’encastrent. Et se lassent. Un désir en chute perpétuelle qui se casse et se tue à chaque rencontre. Puis renaît et bande. »

 

Et sinon, Welcome Love c'est quoi ?

Welcome Love est le terrain de jeu idéal pour ceux qui souhaitent mettre une petite note pimentée à leurs relations amoureuses ou tout simplement pour celles et ceux qui aiment l'amour !

On y vend des gadgets, cosmétiques et joujoux en tout genre qui vous permettront de découvrir l'amant ou la maitresse sensuelle qui sommeille en vous..

L'équipe est hyper sympa et accessible (demandez Virginie, elle est au top !) et vous renseignera dans la joie et la bonne humeur ! Une visite dans le magasin et c'est le sourire à la sortie garanti !

Les deux boutiques se situent au 127 Boulevard Voltaire - 75011 Paris (Métro Voltaire-Charonne).. 

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et au 12 rue des Ecouffes - 75004 Paris (Métro Saint-Paul)

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Bon shopping !

Un lundi, un texte..

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En ce lundi chers amis, je vous propose de lire une lettre de Consuelo de Saint-Exupéry à son défunt mari : une véritable plaie à coeur ouvert..

 

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Fin décembre 1944

 

Que j’aille très loin, en train, en avion, sous la mer, par la terre, j’ai l’impression que jamais je ne pourrai arriver jusqu’à toi.

 

Tonio, Tonito, mon homme, mon fils, mon clocher, fais sonner les grandes cloches parce que je ne peux pas respirer. J’ai grossi en attendant la houle qui va te ramener.


Je tombe avec les feuilles, avec la pluie, avec ma jupe de fête. Je ne peux pas marcher à force d’attendre le moment où je reverrai tes yeux, ronds comme des fleurs.

 

Tu ne vois pas que je ne peux pas arroser l’arbre de Noël pour le faire grandir. Mon mari des étoiles, j’ai de tout petits pieds et de toutes petites mains, il faut que tu reviennes m’aider.

 

Je ne sais pas comment j’ai marché depuis mon enfance jusqu’à aujourd’hui. Ma vie fut un immense vertige. A présent, j’ai des cheveux gris, j’ai tellement de larmes dans ma bouche que cela me suffirait pour boire toute ma vie. Pourquoi Tonio, mon Tonio, mon mari, mon mal et mon bien, mon ciel et mon enfer, es-tu parti pour ne jamais revenir ? Je ne peux pas le croire, je ne veux pas le savoir, tu es parti dans ton avion, le 31 juillet, en mission de guerre et tu n’es pas revenu. Pas de nouvelles de toi et l’année va finir. Il faut que je l’accepte, et si je l’accepte, c’est pour t’aimer davantage. Comme je t’aurais aimé si tu étais revenu ! Comme toi aussi tu aurais fait la même chose pour moi !

 

Seigneur à la couronne d’épines, arrache-moi le cœur pour qu’il ne me fasse plus mal. Tu sais, toi, que Tonio est tout pour moi. Sans lui, je ne suis rien. Sur la table de ma chambre d’hôtel, j’ai un livre de lui, son portrait avec son manteau de soldat en cuir et ses fines mains d’homme comme des ailes et sa barbe pousse avec mes larmes.

 

Seigneur grand et miséricordieux, je te donne ma peine et ma douleur. Mon Père, aide-moi. Je n’ai personne pour aimer, pour attendre, pour embrasser. Ma maison est devenue petite, seule ma fenêtre reste ouverte pour faire entrer le ciel où il est parti en s’envolant pour ne pas revenir.

 

Rendez-le-moi mon Père, je vous en prie, faites un miracle. Si vous me le rendez dans sa tendresse, je le coifferai, je le laverai, je l’embrasserai et ensemble nous irons jusqu’à vous.


Un lundi, un texte..

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LA CHANSON DES VIEUX AMANTS

 

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Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête

{Refrain:}
Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime

Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de pièges en pièges
Je t'ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes

{Refrain}

Oh, mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime

Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n'est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l'eau
Mais c'est toujours la tendre guerre

{Refrain}

Oh, mon amour...
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime.

 


Laisser les cendres s'envoler de Nathalie Rheims

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laisse les cendres s'envolerL’histoire : Il parait qu’il faut laver son linge sale en famille.. Tout le contraire de Nathalie Rheims qui choisit ici de régler ses comptes en public et en publiant un livre sur son histoire personnelle.

Nathalie Rheims est née dans une famille relativement aisée et, si elle aurait pu avoir tout pour être heureuse, ce ne fut pourtant pas le cas. Elle a cruellement manqué d’amour et d’attention de la part de ses parents. Son père, absorbé par son travail et trop égoïste pour s’occuper d’un enfant, était presque toujours absent. Sa mère, quant à elle, a quitté le foyer familial pour aller rejoindre son amant.

Nathalie Rheims va vivre le départ de sa mère comme un abandon, pire même, elle va l’assimiler à sa mort.

En plus de ses relations avec ses parents, l’auteur nous fait également part des secrets et des non-dits d’une famille où l’apparence est le maitre mot et où le silence est d’or.

Ce que j’en pense : Je suis toujours un peu mal à l’aise lorsqu’il s’agit de rédiger un billet sur une autobiographie car il est délicat de porter un jugement sur la vie d’autrui..

Le sujet évoqué par Nathalie Rheims est d’une extrême gravité : le rejet et l’abandon d’une enfant par sa mère. Et pourtant, j’ai l’impression d’être passée complètement à côté de sa souffrance..

nathalie rheimsAprès avoir lu ce livre, je me suis faite la réflexion que, malgré les talents d’écriture indéniables de Nathalie Rheims, je me sentais un peu mal à l’aise à m’introduire dans son jardin secret et à pénétrer sans y avoir été invitée au sein de sa famille. On sent très nettement que sa souffrance et sa détresse sont sincères.

Toutefois, si l’écriture a des vertus thérapeutiques, en l’occurrence, elles ne vont servir que l’auteur et ce, au détriment du lecteur qui se sent impuissant face à tant de douleur. Finalement, il est peut-être des récits qui sont trop personnel pour être partagés..

J’ai également trouvé certaines réactions de Nathalie Rheims assez « radicales », notamment lorsqu’elle décide d’effacer sa mère de son existence, sans jamais essayer de la comprendre et d’apaiser les choses. Elle nous fournit uniquement un dossier à charge et non à décharge. Or, je me refuse à croire que le monde est divisé en deux camps : les bons d’un côté  et les méchants de l’autre.

Au final, je ne peux pas dire que ce livre m’ait plu, il m’a plutôt incommodée..

Et pour la petite info, même si elle ne cite jamais son nom, sachez que Nathalie Rheims vient d’une très célèbre famille de banquiers dont le nom commence par un R...

 

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Et pour finir, une petite citation : « Dès les premiers jours de ma vie, je rejetais son lait. Je vomissais déjà tout ce qui venait d’elle. On me donna alors du lait en poudre, déshydraté, aseptisé. Peut-être avais-je compris, malgré l’amour que j’avais pour elle, que je devais rester sur mes gardes, pressentant qu’elle était toxique, détraquée, dangereuse pour moi. »

 

 

Un homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène

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L’histoire : Né de parents algériens, Mourad vit à Nice avec ses parents et ses deux sœurs. Pour Dounia, sa grande sœur, ça ne fait aucun doute : hors de question de finir mariée avec un « cousin du bled », femme au foyer et mère de cinq enfants. Ca Non. Dounia veut faire carrière ; et pour cela, elle est prête à tout écraser sur son passage, quitte à faire certains sacrifices..

Sa petite sœur Mina, quant à elle, suivra le chemin tout tracé par ses parents : petite fille modèle, elle épousera un honnête musulman avec qui elle aura trois beaux enfants et vivra une vie familiale traditionnelle et exemplaire.

Mourad, quant à lui, se retrouve coincé entre un héritage familial pesant et une culture différente de ses origines mais qu’il affectionne particulièrement.. Son pire cauchemar serait de devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri à base d’huile de friture par sa mère.

Mais comment arriver à se construire une personnalité lorsqu’on a deux cultures différentes ?

Ce que j’en pense : Alors là, c’est mon coup de cœur littéraire depuis le début de l’année 2014 !

Le livre de Faïza Guène est superbement écrit : elle se pose les bonnes questions, elle est drôle, réaliste, parfois cynique et c’est l’un des romans les plus originaux qu’il m’ait été donné de lire.

Les personnages du roman sont tous très attachants. J’ai beaucoup apprécié la mère : envahissante au possible, avec sa tendance à résoudre les problèmes par la nourriture en abondance, ses maladies imaginaires pour ne pas qu’on la contrarie, sa susceptibilité à fleur de peau et sa légère tendance à l’exagération.. Il y avait comme un petit air de déjà vu ! Même Dounia, qui va pourtant faire des choix radicaux dans sa vie trouve grâce auprès du lecteur à la fin du roman lorsque l’on gratte un petit peu la couche du personnage.

Faïza Guène a effectué un travail remarquable dans l’élaboration de ces personnages qui sont à la fois complexes, touchants et captivants.

L’auteure s’est identifiée à travers le personnage de Mourad qui reste celui qui a le plus les pieds sur terre parmi sa famille un peu loufoque. Mourad observe sa famille se déchirer puis se réconcilier ; il assiste à tous les évènements familiaux sans jamais prendre clairement parti, mais tout en étant doté d’une extrême sensibilité et d’un très grand sens de l’observation.

L’auteure veut attirer notre attention sur plusieurs points : les conflits entre les générations, la construction de soi lorsqu’on a une double-culture etc.. qui sont des sujets qui parlent notamment à ces enfants d’immigrés (dont je fais partie) et dont les parents sont venus s’installer en France avant ou à leur naissance.

Doit-on renier son héritage familial pour totalement s’intégrer ou au contraire le préserver à tout prix quitte à s’éloigner de la culture de notre pays d’accueil ? Que faire en cas d’incompatibilités ?

Voilà un roman qui mérite de faire parler de lui et à mon avis, on ne devrait pas tarder à avoir une adaptation sur grand écran.. Affaire à suivre..

Et pour finir, une petite citation : « Dounia plait parce qu’elle symbolise ce que la République fabrique de mieux : une réussite accidentelle. On adore ce genre de modèle d’excellence, grâce auquel on peut dire : « Vous voyez que c’est possible si on veut bien s’en donner les moyens ! ». Fastoche. Ça laisse donc supposer que les autres, une vraie bande de fainéants, bien au chaud, n’ont pas tellement envie de réussir dans la vie ».

Un homme, ça ne pleure pas de Faïza GuèneUn homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène

Ulysse from Bagdad d'Eric Emmanuel Schmitt

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Ulysse from Bagdad d'Eric Emmanuel Schmitt

L’histoire : Saad Saad est né et a grandi à Bagdad, en pleine période de guerre avec les Etats-Unis et sous le régime militaire de Saddam Hussein. Convaincu par sa famille, il entreprend de quitter sa ville natale pour gagner l’Europe, la liberté, la chance d’avoir un avenir.

Son problème ? Comment entreprendre un tel voyage alors qu’il n’a pas un sou en poche ?

Tel un Ulysse des temps modernes, Saad va alors se lancer dans une folle aventure où il négociera avec des trafiquants, échappera aux naufrages, se liera d’amitié avec des personnes qui vont bouleverser sa vie et devra s’arracher aux enchantements amoureux..

 

Ce que j’en pense : Je vous le dit d’entrée de jeu, ce livre est loin d’être mon EES préféré ! Mais il reste un EES quand même.

Comme toujours, EES essaie de nous faire réfléchir une question philosophique ou un problème sociologique, qu’il illustre à travers une histoire. La question à laquelle il nous renvoie ici porte les conditions de notre naissance.

Comme le disait la chanson, « on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille ».. on ne choisit pas non plus le lieu ou la période à laquelle on va naitre. Pour ma part, j’ai toujours rêvé de vivre dans les années 1970 et d’user mes plateforme shoes à force de danser le disco.. Mais bon, passons..

« Né quelque part où il ne fallait pas, j'ai voulu en partir ; réclamant le statut de réfugié, j'ai dégringolé d'identité en identité, migrant, mendiant, illégal, sans-papiers, sans-droits, sans-travail ; le seul vocable qui me définit désormais est clandestin. […] Bienvenu nul part, étranger partout. »

C’est donc sur le thème des conditions de vie des réfugiés et des populations migrantes que nous amène EES. Alors que nous sommes tous préoccupés par notre confort personnel, il est parfois difficile de s’interroger sur le sort des populations qui sont nées au mauvais endroit, au mauvais moment..

Ces réfugiés sont parfois traités « comme des chiens », considérés comme des sous-hommes et exploités par des « marchands de rêves » alors qu’ils font ce que la plupart d’entre nous feraient : fuir la misère de son pays. Le tout dans l’indifférence la plus totale, pire même le rejet entre êtres humains..

Même si Saad a réussi à atteindre son rêve, je m’interroge tout de même sur le fait de savoir si la vie en Occident lui réellement apportera ce qu’il recherchait et si la sécurité matérielle compensera le fait de se couper de ses racines. Mais là, c’est un autre débat..

Saad est un jeune homme très astucieux et très malin qui sait toujours retomber sur ses pattes. Mais je dois dire que j’ai adoré le personnage du père qui a apporté une touche de poésie à ce roman.

"Il préférait fréquenter la langue en altitude [...]. Par conséquent, il appelait son père "l'auteur de mes jours", son épouse notre mère "ma fontaine de fertilité" et ses rejetons "la chair de ma chair, le sang de mon sang, la sueur des étoiles".

En résumé, même si ce n’est pas mon roman préféré d’EES, on en ressort grandi comme à chaque fois et c’est ce qui fait toute la qualité de l’auteur. Bravo Monsieur Schmitt !

 

 

Ulysse from Bagdad d'Eric Emmanuel SchmittUlysse from Bagdad d'Eric Emmanuel SchmittUlysse from Bagdad d'Eric Emmanuel Schmitt

Et pour finir, une petite citation : « Ces dernières siècles, les Européens, ils sont allés un peu partout, ils ont fondé des commerces un peu partout, ils ont volé un peu partout, ils ont creusé un peu partout, ils ont construit un peu partout, ils se sont reproduits un peu partout, ils ont colonisé un peu partout, et maintenant, ils s'offusqueraient qu'on vienne chez eux ? Mais je n'en crois pas mes oreilles ! Leur territoire, les Européens, ils sont venus l'agrandir chez nous sans vergogne, non ? Ce sont eux qui ont commencé à déplacer les frontières. Maintenant, c'est notre tour à nous, va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on va tous venir chez eux, les Africains, les Arabes, les Latinos, les Asiatiques. Moi, à la différence d'eux, je ne traverse pas la frontière avec des armes, des soldats ou la noble mission de changer leur langue, leurs lois, leur religion »

Ulysse from Bagdad d'Eric Emmanuel SchmittUlysse from Bagdad d'Eric Emmanuel SchmittUlysse from Bagdad d'Eric Emmanuel Schmitt

Mon blog déménage..

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Chers lecteurs,

Après avoir passé plusieurs années sur "Overblog", l'heure est venue pour moi de tourner une page de l'histoire de mon blog et de vous annoncer mon déménagement.

Et pour accéder à mon nouveau blog, c'est par ici :

http://mademoiselle-christelle.blogspot.fr/

A bientôt et bonne lecture !

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